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Le dossier Wan, chapitre 2 (Insidious 2 de James Wan)

Le dossier Wan, chapitre 2 (Insidious 2 de James Wan)

Le dossier Wan, chapitre 2 (Insidious 2 de James Wan)

Je découvre Insidious 2 un samedi soir (séance de 20h30) dans un cinéma de centre commercial. La salle est exclusivement composée d'adolescents, la moyenne d'âge doit être d'environ quinze ans. Lorsque le film commence, et pendant environ une demie-heure, le public réagit très bruyamment: il rit dès qu'une porte grince, crie, fait semblant d'avoir peur et ne se prive pas de résumer à haute voix le précédent volet d'Insidious ou de faire des comparaisons avec le récent Conjuring. Vers la trentième minute, la projection s'interrompt accidentellement. Ecran noir et hurlements. "Le Diable est manifestement dans cette salle", me dit un ami.

La projection reprend. S'il fallait mesurer l'efficacité du film à l'aune des réactions du public, il faudrait admettre que ce deuxième chapitre d'Insidious fonctionne remarquablement: les rires et les bavardages se font de plus en plus rares, le chahut cesse et ne reprendra plus, malgré quelques éclats de rire intempestifs. Aurait-on peur?

Le film n'a pourtant rien d'horrifique, certaines scènes ressemblent même à des alcôves de train-fantôme comme celle où, fouillant le passé de Parker Crane, l'esprit qui le possède, Josh Lambert (Patrick Wilson) arrive dans la chambre d'enfant de Crane et assiste à une grotesque scène d'humiliation. "Tu ne t'appelles pas Parker mais Marylin!", hurle Mme Crane à son fils. Maquillée comme une sorcière de foire, Mme Crane apparaît comme un personnage de théâtre qui offre la parodie d'un rôle que le cinéma d'horreur a épuisé depuis Psychose: celui de Mme Bates. En ce sens la longue errance de Josh Lambert dans le passé sombre de Crane équivaut à une visite du musée de l'horreur, c'est une American horror story.

On sait depuis Saw que James Wan est un joueur et si Insidious 2 est plus convaincant que Conjuring, c'est parce que Wan y joue plus habilement. En enfermant dans les limbes le personnage de la médium (Lin Shaye), il laisse la part belle aux esprits, qui se déplacent dans un espace-temps incertain, qui rappelle parfois celui de Shining, auquel on pense beaucoup dans la deuxième partie. A mesure que l'état de santé de Josh Lambert se détériore, deux options se présentent: la première consiste à rejouer le combat qui a eu lieu autrefois dans l'Overlook, celui du père contre le fils. Wan s'en amuse un peu: comme Jack Nicholson, Patrick Wilson détruit des portes à coup de marteau ou de batte, mais cette option est assez vite abandonnée. L'autre option est plus séduisante: elle consiste à entrer dans l'esprit de Torrance (ici appelé Josh Lambert) via plusieurs personnages: le médium bien sûr, mais aussi Lambert et son fils, réunis dans des limbes bleutées qui ressemblent à la Barque de Dante de Delacroix. Magnifiquement éclairées par John Leonetti, ces scènes sont parmi les plus convaincantes du film: les personnages traversent un monde de damnés et il faut compter, comme dans Shining, sur l'intelligence du fils, qui déroule son fil d'Ariane, pour sortir du noir.

Belle relecture de Shining, qui conduit à une conclusion certes édifiante (l'esprit captif de Josh Lambert finit par réintégrer son corps alors que celui de Torrance, laissait-on entendre à la fin de Shining, flottait depuis toujours dans l'hôtel). Mais, pendant quelques minutes, le petit train-fantôme conduit par Wan a déraillé dans le noir et s'est perdu quelque part dans la boîte crânienne de Jack Torrance.